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CONTENU | AR-RADD AL JAMIL, AYYUHA'L-WALAD |
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AL GHAZALI
AR RADD AL JAMIL
REFUTATION
EXCELLENTE TEXTE ETABLI, TRADUIT ET COMMENTE Quatrième édition HAKÎKAT KİTÂBEVİ TABLE DES MATIERES Première partie
A’uzu billâhi minechlcheitânirradjîm Rasûlullah “sallallahü aleihi wa sallam” a communiqué: “Celui qui vit mon sunna quand la dépravation s’étend parmi mon ummat aura la récompense de cents martyrs”. Les savants de l’une de quatre madhabs (écoles juridico-islamiques) sont appelés “savants Ahl-i sunna”. Le maître de ces derniers, c’est Imâm-ı a’zam (le grand Imam) Abû Hanifa. Ces savants ont écrits dans leurs livres ceux qu’ils ont appris par Ashab-ı kirâm (Compagnon de Rasûlullah), et les Compagnons ont communiqué ceux qu’ils ont entendus de Rasûlullah. Aujourd’hui, les gens dans le monde se divisent en trois groupes: 1- Les infidèles: Ceux-ci disent qu’ils ne sont pas musulmans. Les Juifs et les Chrétiens sont de ce groupe. 2- Les Musulmans sunnites: Ceux-ci existent dans tous les pays et leur nombre augmente. 3- Les Hypocrites: Ceux-ci disent qu’ils sont musulmans, mais leur foi et leur rituelle ne semblent pas à Ahl-i sunna. Ils ne sont pas de vrais musulmans. ________________
AVIS: Les missionnaires essayent de propager le Christianisme, les Juifs s’efforcent de propager les paroles corrompues de leur religieux et Hakikat Kitabevi fait la même chose pour propager l’Islâm et les franc-maçons pour anéantir les religions. Ceux qui sont raisonnables découvrent la vraie de celles-ci, aident à la propager et apportent ainsi du bonheur à tous les gens. Et cela serait le plus précieux et plus utile service à l’humanité. Impression: İhlâs Matbaacılık Gazetecilik Yayıncılık
AL RAD AL JAMIL UNE REFUTATION EXCELLENTE PAR TRADUCTION 1- Les positions chrétiennes sont inacceptables AU NOM D’ALLAH MISERICORDIEUX ET COMPATISSANT! Or donc, gloire à Allah et bénédiction sur Muhammad “alehissalâm”, le meilleur d’entre ses Créatures et ses familiers! J’ai trouvé les théories des chrétiens sur leurs croyances vraiment faibles, chancelantes et malaisées. Celui qui y réfléchit est saisi de stupeur à la vue de tant d’esprits qui y adhèrent, alors que lui-même ne peut, en raison des obscurités qu’elles présentent, y saisir rien de ce qu’il y cherche. Les chrétiens en cela s’appuient aveuglément sur la seule tradition et retiennent, avec bec et ongles, le sens littéral adopté par les Anciens, sans que nul parmi ceux d’aujourd’hui, à cause de leur incapacité, n’entreprenne d’en expliquer les points difficiles. Il s’imaginent que c’est cela même la Loi révélée établie pour eux par Hadrat ‘Îsa. Ils justifient leur adhésion par l’autorité de textes considérés par eux comme contraignants pour l’esprit, comme se refusant à toute interprétation symbolique, et qu’il n’est pas aisé de détourner de leur sens littéral. Sur quoi, ces hommes se partagent en deux catégories. Dans la plus nombreuse, ceux qui n’ont aucune pratique de la science qui apprend à connaître et l’impossibilité de l’impossible, dont on nie alors la possibilité d’existence, et la nécessité du nécessaire dont on nie alors la non-existence, et enfin la possibilité du possible dont on se convainc qu’aucun des deux termes opposés, l’existence ou non-existence, ne comporte d’absurdité. Tout au contraire, il s’est formé, dès l’enfance, dans l’esprit de ces personnes, certaines représentations qui ont fini par passer, l’ignorance se prolongeant, à l’état d’habitude acquise. Cette catégorie est difficile à guérir de son mal. Pour ceux de l’autre catégorie, doués d’un minimum d’intelligence et de connaissances scientifiques, tu les vois se tenir respectueusement à distance et ne pas se permettre de scruter cette doctrine. Ils s’en rapportent à l’autorité de Philisophe sur l’union divine, car ils sont impressionnés des conséquences d’une pareille doctrine à l’égard de principes établis à qui mieux mieux par tous les bons esprits et ils esquivent la difficulté en se réfugiant aveuglément dans la tradition pure et simple. Convaincus que le Philosophe a pénetré les sciences les plus obscures et les a rendues claires et apodictiques, ils croient qu’un tel homme mérite qu’on s’en remette à ses déclarations et qu’on suive son autorité dans les questions de croyances. C’est pourquoi ils se tirent de la question de l’union divine en la ramenant à celle du lien qui rattache l’âme( Sensualité, désirs sensuels.) au corps.Si ces malheureux consultaient leur raison et cessaient d’être menés par la passion et le fanatisme, ils s’apercevraient qu’ils se sont écartés du droit chemin et qu’ils ont abandonné les voies de la Vérité, et ce, pour diverses raisons. Ainsi, s’ils ont voulu suivre la méthode d’analogie, ils ont eu tort. Car l’analogie consiste à ramener des cas particuliers à un principe général, en raison d’un aspect commun, sur lequel repose le jugement d’analogie. Mais quel aspect, entraînant la réalité de ce lien (de l’âme avec le corps) dont parle le Philosophe, a donc pu trouver le partisan de cette théorie, qu’il puisse appliquer ensuite à l’essence du Créateur pour justifier l’emploi de l’analogie? De même, s’ils ne voient là qu’une manière de comparaison et un exemple, ils se trompent également, car le terme de la comparaison doit être connu, concevable, pour que l’on puisse comprendre la comparaison elle - même. Or le partisan de cette doctrine peut faire tous ses efforts pour trouver le moindre indice qui l’éclaire sur la nature de l’âme[ Dans le texte original, c’est le mot arabe “nafs” qui signifie: La vie sensitive; vie; principe de la vie végétative et sensitive; sentiment; être vivant, personne; esprit; substance; désir; sensualité.] et la nature de cette relation dont parle le Philosophe: il devra avouer son impuissance à y parvenir. Comment peut-il alors user d’analogie pour des réalités qui lui échappent?De plus, une pareille analogie est de celles que le juriste ne se permet pas, car c’est un cas d’analogie réprouvée, et qu’on appelle analogie d’obscurité. On y cherche à établir une proposition obscure en recourant à du plus obscur ou bien à ce qui a besoin pour être lui-même prouvé, d’un effort de réflexion, et qui n’est déduit que par preuves elles-mêmes confuses. C’est le cas pour l’âme dont traite le Philosophe et dont on ne peut concevoir l’existence que par des raisonnements compliqués et peu évidents. Si cette analogie n’est pas tolérée dans les conclusions établies sur des raisonnements relativement faciles, comment y recourir alors à propos de principes qui se rapportent à l’essence de l’Etre nécessaire [Wajib-ul-vujud]. Comment justifier cet emploi, alors que l’idée qui fonde le jugement, si on consentait à l’envisager, ne laisserait admettre pour Dieu aucune relation avec l’essence d’aucun être humain, du genre de celle qui l’âme au corps. Les philosophes disent en effet que la condition requise pour qu’une âme s’unisse à un corps, est qu’il y ait entre les deux une certaine correspondance et convenance en vertu desquelles le lien existe. Mais qu’Allah est loin de tout cela! D’ailleurs, à supposer même qu’on leur accorde ce qui précède et que la relation à laquelle ils ont recours soit philosophiquement concevable, ils n’en retireraient aucun avantage et n’en seraient pas plus avancés pour établir la divinité d’Î’sa [Salut de l'Eternel soit sur lui]. En effet, le Philosophe dit que le lien qui unit l’âme au corps est une relation “de gouvernement” et que c’est en vertu de ce lien que se produisent dans l’un et l’autre les impressions de plaisir ou de douleur lorsque la puissance sensitive se trouve affectée par ce qui convient ou la contrarie. Or il n’est pas possible qu’on ait en vue pareil lien avec tout ce qu’il comporte et tel qu’on vient de l’expliquer, car l’essence du Créateur ne peut éprouver aucune impression de plaisir sensible. Il reste donc à prendre cette “relation de gouvernement” en dehors de toute impression de plaisir sensible, mais cela ne sert encore de rien, car le Créateur en réalité gouverne chaque individu qui se trouve en ce monde et exerce une fonction de gouvernement à l’égard de toute créature. 2- Les Miracles de Jésus [Î’sâ aleihissalâm] Mais on dira peut-être qu’on veut parler ici d’une relation manifestée par la dérogation aux lois ordinaires, comme la résurrection des morts et autres choses pareilles, et que cela indique bien ce que l’on a en vue. A quoi il faut répondre qu’une telle relation qui met celui qui la possède en état de déroger aux lois ordinaires (de la nature) se retrouve chez d’autres qu’ Î’sa aleihissalâm. En effet, eux-mêmes reconnaissent que Moûçâ [Salut de l'Eternel soit sur lui] [Moïse] a transformé la verge en serpent. Or la résurrection d’un mort qu’est-ce autre chose qu’un être inanimé acquérant la qualité du vivant? Bien plus, l’acte de Moûçâ aleihissalam [Moïse] manifeste davantage le prodige, car conférer la vie à ce qui ne la possède d’aucune manière, témoigne d’une plus grande puissance que le rappel d’une chose à son état premier. En outre, fendre la mer et en dresser les deux parties comme une muraille gigantesque constitue un prodige inoui. Et la Thora à laquelle ils ajoutent foi, témoigne aussi que Hadrat Moûçâ retira sa main couverte de lèpre, blanche comme la neige, puis la ramena de nouveau à la couleur de sa chair. Dans les livres des Rois et des Juges, qui comptent parmi leurs livres vénérables et dont la lecture se fait dans les églises, il est dit que Elie et son disciple Elisée, ont ressuscité un mort. La résurrection du fils de la veuve par Elie est également admise par eux; de même, Hadrat Yûshâ [Josué] arrêtant le soleil jusqu’à ce qu’il se fût emparé de la ville de Jéricho, est un prodige des plus rares. Il y a en outre des prophètes qui n’ont pas été chargés de mission ( Les Prophètes à qui Allahu ta’âlâ n’a pas envoyé des livres sacrés, si bien qu’ils n’ont pas de sharia (religion). On les appelle Nébî.). Quel empêchement à ce qu’ils aient eu, eux aussi, une pareille relation à Allahu ta’âlâ, à cela près qu’elle ne se serait pas manifestée au dehors, puisqu’aucune mission n’est venue exiger de telles preuves.3- La lèpre de Moûçâ [Salut de l'Eternel soit sur lui] dans la Bible et le Coran. Une question délicate sur laquelle il faut attirer l’attention, c’est le mot du Kur’ân-al kerîm [le Coran] “Porte ta main dans ton sein, tu l’en sortiras toute blanche, mais sans mal”, alors que la Thora porte: “Wa Hanna Yadou Masoura ‘eth Kal Sûlağ”, ce qui veut dire en arabe: “Et voici que ta (sic) main est lépreuse, blanche comme la neige”. La thora parle nettement de lèpre, alors que le Cor’an (Kur’an-al karîm) dit que sa blancheur n’est pas le fait du mal. Cela fait difficulté à un examen superficiel, mais celui qui a l’esprit exercé n’a pas de peine à faire la conciliation. Elle consiste en ce que la lèpre est un mal produit par une indisposition qui provoque un épaississement des humeurs, que la force transformante se trouve alors incapable de ramener à la couleur de la chair. Or l’on sait que la blancheur de la main de Moûçâ aleihissalâm n’a pas résulté d’une indisposition. En effet, quiconque se trouve indisposé de la manière que nous avons décrite, est atteint de ce mal. Si la force transformante prend le dessus, elle le supprime, mais alors ce qui faisait le propre du prodige disparaît. (Dans notre cas) au contraire, la blancheur était le fait d’un prodige extraordinaire, et le propre d’un prodige extraordinaire est d’aller à l’encontre de ce qui est habituel et accoutumé. C’est cela qui est indiqué par le Kur’an-al Karîm quand il dit: “sans mal”, c’est-à-dire qu’Allahu ta’âlâ a donné à Hadrat Moûçâ le pouvoir de rendre sa main lépreuse, sans mal cependant, et de la ramener à la couleur de sa chair, sans le secours d’une force transformante, afin qu’ils (les Juifs) aient ainsi le privilège de posséder des prodiges extraordinaires accomplis par l’intermédiaire de Hadrat Moûçâ. Il n’y a, en effet, le prodige extraordinaire que l’effet se produit séparé de sa cause habituelle et qui est seule à le produire. Cet effet a été ensuite désigné ici par la blancheur, qui est l’une de ses propriétés. La conciliation est évidente. 4- Confiance aveugle faite aux philosophes. Ce qui va encore à affaiblir la valeur de leur croyance (aux chrétiens) sur ce point, c’est la doctrine du Philosophe, concernant l’âme [nafs] et ses relations (avec le corps), pour laquelle ils tiennent. Leur affirmation sur ce sujet n’a d’autre appui que l’estime qu’ils ont pour les tenants de cette doctrine, alors qu’ils sont eux-mêmes incapables d’en fournir la preuve. Ils croient que ceux qui soutiennent cette théorie ont fait dans les sciences des découvertes si profondes que l’esprit revient bredouille sans avoir pu les saisir, en raison de l’obscurité de leurs principes et de la difficulté de leur démonstration. Celui qui en est là, pensent-ils, ses paroles sont infaillibles. Mais alors, quand on tient pareil langage, on devrait suivre également le Philosophe quand il dit que le don de prophétie peut être acquis; que le monde n’a pas eu de commencement, et n’admet ni génération ni corruption, que le Créateur ne connaît point les êtres particuliers et que l’Un ne peut donner naissance qu’à l’Un, que le Créateur de tout est Pure Existence et qu’il ne possède dans son être ni connaissance, ni vie, ni puissance et bien d’autres affirmations encore par lesquelles les philosophes ont rejeté les règles édictées par les législateurs religieux et ont contredit ouvertement les Prophètes envoyés d’Allahu ta’âlâ. Il est étrange de voir des Chrétiens suivre des gens dont les opinions ne permettent pas même de concevoir ce qui leur sert à établir le privilège du fondateur de leur Loi. Ces gens soutiennent, en effet, l’impossibilité de la formation de l’enfant du seul sperme maternel, sans la participation du sperme viril qui serait nécessaire soit simplement, selon leur maître, pour provoquer l’épaississement du premier, soit pour entrer en composition avec lui, suivant l’opinion de Galien. Si la passion et l’obstination qui nous poussent à ne pas changer ce qui nous est devenu habituel, faisaient dire à quelqu’un: “Pour ce qui vient d’être cité, on a établi par des preuves que les philosophes se sont trompés, mais pour le reste ils conservent l’estime que nous leur portions!”, à cela, il faudrait répondre que celui qui apparaît tantôt dans l’erreur et tantôt dans la vérité, tout ce qu’il dit reste susceptible d’erreur comme de vérité. Personne ne s’appuie sur l’autorité d’un pareil homme puisque l’on ignore sur quoi il fonde ses affirmations, et que (par ailleurs) il rejette derrière le dos les déclarations des législateurs religieux: d’autre part, le croyant ne tient aucun compte des passages obvies de son propre Livre où est indiquée l’humanité du fondateur de sa loi; il ne fait exception que pour les passages qu’il se refuse à interpréter métaphoriquement et qui appuient ses prétentions au sujet de la qualité divine, faisant en cela, à l’esprit, une violence manifeste. Il existe pourtant, dans l’Evangile, des passages qui témoignent de l’humanité pure et simple de Î’sa et d’autres qui témoignent que lui attribuer la Divinité ainsi qu’ils le prétendent, est chose impossible. Ces passages se rencontrent dans l’Evangile qui est le plus évident pour eux, celui de Jean, fils de Zébédée. 5- Méthode de réfutation et Principes d’exégèse. Je citerai un à un les passages de ce livre, en indiquant les chapitres tels qu’ils s’y trouvent, de peur qu’ils ne soient contestés par eux, car leurs livres ne sont pas conservés dans leurs coeurs. Mais avant de commencer à les citer, il me faut exposer deux principes sur lesquels les exégètes sont d’accord. Le premier est que les passages qui se présentent, s’ils sont d’accord avec la raison, doivent être pris dans leur sens littéral. Si, au contraire, ils contredisaient l’évidence raisonnable, il faudrait alors les interpréter: leur sens littéral n’est pas celui qu’on a voulu exprimer et il faut alors les ramener au genre métaphorique. Le second principe est que s’il se rencontrait des assertions contradictoires, les unes affirmant une vérité, les autres la repoussant, on ne les laissera dans cette opposition qu’après s’être senti impuissant à les concilier, parce que la conciliation est effectivement impossible et qu’elles n’admettent aucun accord de convergence vers une signification commune. Ceci admis, nous allons maintenant commencer par citer les passages qui indiquent l’emploi métaphorique des termes que Hadrat Î’sâ a appliqués à sa personne et qui pourraient faire croire à sa divinité; puis les passages qui indiquent l’emploi de la métaphore dans la question de l’unité avec Dieu ( Nous traduisons ici le mot par “Unité avec Dieu” qui nous semble être dans le mouvement de la pensée et plus expressif dans le contexte que “Union”. Cf. aussi page 10 lig. 19. Pour bien faire il faudrait mettre le mot grec . Ce terme traduit et introduit une nuance d’unification. C’est “Union” au sens fort.), comme sa déclaration “Moi et le Père, nous sommes un”, et “Celui qui me voit, voit le Père”, et encore “Je suis dans le Père et le Père est en moi”.Nous continuerons par des passages qui manifestent son humanité pure et simple et nous les concilierons avec ceux qui ont soulevé chez nos adversaires pour eux, des difficultés devant lesquelles leur intelligence a abdiqué, impuissants qu’ils furent à leur trouver une interprétation. Ils ont ainsi versé dans l’aveuglement et l’égarement. Nous dépenserons à tirer ces difficultés au clair, une somme d’efforts suffisante pour que la Vérité luise éclatante, dans toute sa splendeur et sa majesté.
II. - DISCUSSION DES TEXTES EVANGELIQUES 1- Passages métaphoriques ayant trait à la Divinité de Jésus. a) Premier passage. - “Moi et le Père sommes Un”. Le premier passage est donné par Jean dans son Evangile au chapitre 24
Nous répondons: Ce passage est en faveur de la thèse que nous voulons établir à propos de la question de l’union. Voici comment: Lorsque les Juifs reprochèrent à Î’sa [Salut d'Eternel soit sur lui] sa déclaration “Moi et le Père, nous sommes Un”, et c’est là proprement toute la question de l’union, croyant qu’il entendait ces paroles “Moi et le Père, nous sommes Un”, dans leur signification littérale, et qu’il serait ainsi réellement Allahu ta’âlâ, il écarta leurs reproches, en déclarant qu’il parlait en manière de métaphore. Puis il leur montra le fondement de la métaphore en leur proposant une comparaison. Il leur dit: “Dans votre Loi, on vous a appelés des dieux. Vous n’êtes cependant pas réellement des dieux. Ce terme vous a été cependant appliqué dans un certain sens et ce sens est que la Parole vous a été adressée, et moi, je partage cela avec vous.” Nous trouvons aussi dans notre Loi quelque chose de semblable. Le Maître des Prophètes a dit en s’exprimant au nom d’Allahu ta’âlâ: “Ceux qui veulent se rapprocher de moi, n’y arriveront jamais mieux qu’en accomplissant mes préceptes. Puis mon serviteur ne cessera de se rapprocher de moi par les oeuvres de surérogation jusqu’à ce que je l’aime. Et quand je l’aurai aimé, je serai pour lui l’oreille par laquelle il entend, l’oeil par lequel il voit, la langue par laquelle il s’exprime, la main par laquelle il accomplit des exploits”.( C’est le hadith qu’Allahu ta’âlâ inspire dans le coeur de Son Prophète Muhammad aleihissalâm [paix et bénédiction soient sur lui] et il le communique à tout le monde.) Or il n’est pas possible que le Créateur soit proprement présent dans chacun de ces membres ou qu’IL soit ces membres eux-mêmes. Mais le serviteur qui a fait tous ses efforts pour obéir à Allahu ta’âlâ, IL lui donne force et assistance. Grâce à cela il est mis en mesure de parler avec sa langue et d’accomplir des exploits avec ses mains, et toute autre oeuvre enfin qui rapproche d’Allah. C’est ainsi que celui qui donne à un autre de pouvoir frapper de l’épée, alors que sans LUI, il n’aurait pu le faire, dirait: “Je suis la main avec laquelle tu frappes”. C’est là un genre de métaphore dont l’emploi est correct, parfaitement licite et hors de conteste.Î’sa, d’ailleurs, a indiqué dans ce passage le sens de la métaphore, en disant: “Parce que la Parole leur a été adressée”. Or il est impossible qu’il veuille entendre par “Parole” une expression matérielle formée de lettres, mais bien plutôt a-t-il voulu dire par ce mot “Parole” un secret venant de Dieu, qu’il confie à qui il veut d’entre ses serviteurs. Ce secret leur apporte assistance pour supprimer l’obstacle qui les sépare de Dieu. Ils en arrivent ainsi à ne plus aimer que ce qu’IL aime, à ne haïr que ce qu’il hait, à répudier tout ce qui lui déplaît, à ne désirer que ce qu’IL désire, en toute parole ou action qui conviennent à sa Majesté (divine). Quand par la faveur divine, ils ont été amenés à cet état, ils réalisent en eux la disposition fondamentale qui justifie la métaphore. La légitimité de cette interprétation, par le recours au sens métaphorique ci-dessus, est démontrée par le fait que Hadrat Î’sa lui-même s’est défendu de vouloir user, dans ce passage, du sens propre exprimant l’union, en disant: “Combien plus celui que le Père a sanctifiée et qu’il a envoyé”! Il s’y est nettement proclamé Envoyé de Dieu et s’est défendu de prétendre à la divinité comme les Juifs l’avaient cru. Il s’est attribué, par contre, les prérogatives des prophètes et la supériorité de ce rang sur ceux qui ne le sont pas, par ces paroles: “Combien plus celui qu’il a sanctifié et qu’il a envoyé. C’est-à-dire: “je partage avec vous la disposition fondamentale qui justifie la métaphore et je vous dépasse de tous les degrès et de la prophétie et de la qualité d’Envoyé”. En effet, si l’exemple qu’il leur a proposé n’écartait pas d’une manière décisive le sens littéral que les Juifs s’étaient imaginé, en cela il les eût trompés et il eût égaré leur croyance. Or l’erreur dans ce domaine conduit à la colère de Dieu, ce qui ne convient pas aux Prophètes et aux Envoyés qui ont charge de guider vers la Vérité. Car retenir la lumière quand le besoin s’en fait sentir, n’est pas permis à un Prophète. Comment en serait-il ainsi pour Î’sa [Salut de l'Eternel soit sur lui], alors qu’il est dit dans leurs livres (des chrétiens), “qu’il a été envoyé pour le salut du monde”, enseignant ce qui doit être attribué Allahu taâlâ et ce qui, au contraire, répugne à sa nature. Il serait, en effet, sauveur du monde, s’il leur montrait quel est Dieu à adorer. Si c’était lui-même Allah qu’il faut adorer et qu’il les eût détournés de cette croyance en leur proposant la comparaison en question, il leur aurait ainsi enjoint d’adorer un autre que lui et les aurait détournés de l’adorer lui-même, étant toujours supposé que c’est lui (Allah) qu’il faut adorer. Ce serait là tromperie et supercherie peu compatibles avec la qualité de celui dont on prétend qu’il est venu pour le salut du monde, moins encore de celui qui du milieu de la foule s’est levé comme conseiller et comme guide, et qui, de plus, s’est réclamé de sa qualité d’Envoyé (Prophète) d’Allahu ta’âlâ, avec mission de guider et de conseiller. Si l’on dit qu’il ne leur a proposé cette comparaison que pour leur donner le change et pour détourner de sa personne leur malice, nous répondons que la crainte des Juifs ne convient pas à celui qu’ils prétendent être le Dieu de l’univers et le Créateur des Etres. Je me demande ce que pourra dire encore l’adversaire après que ces vérités auront lui à ses yeux plus clairement que le lever du jour, et comment il pourra, se refusant à interpréter ce passage et autres semblables, continuer à tâtonner dans la nuit, alors que le fondateur de sa Religion l’interpréta lui-même tout le premier. b) Deuxième passage. - “Qu’ils soient un avec Toi comme Nous”. Jean, que nous avons déjà mentionnée, l’indique dans son Evangile au chapitre 37:
Ce passage est semblable à celui qui précède. Il confirme que Î’sa aleihissalâm rejette le sens propre, en faveur de la métaphore indiquée. La preuve en est qu’Î’sa aleihisselam prie Allahu ta’âlâ pour ses disciples, afin qu’IL les garde dans son Nom comme IL le garde lui-même et que cette protection les conduise à l’union divine. Puis employant la particule de comparaison, il dit: “comme nous”, c’est-à-dire que cette unité soit comme mon unité avec toi. Si donc son unité avec Allah lui conférait le droit à la Divinité, il s’ensuivrait nécessairement qu’il aurait demandé pour ses disciples d’être des dieux. La seule pensée en est déjà une honte, même pour qui rejette tout contrôle de sa raison; combien plus pour celui qui a gardé la moindre rectitude de pensée! Tout le passage, au contraire, s’appuie sur la métaphore indiquée, à savoir que Î’sa aleihissalâm a demandé à Allah de déverser sur eux ses dons avec les bienfaits de la sollicitude et de son assistance pour les guider vers le but désiré par Lui et qui est seul digne de sa Grandeur. Ils en viennent ainsi à ne plus désirer que ce qu’IL désire, à n’aimer que ce qu’IL aime, à ne haïr que ce qu’IL hait, à ne rien dire ni faire qui ne Lui agrée et qu’IL ne souhaite voir arriver. Quand ils ont atteint cet état, la métaphore employée devient alors pleinement légitime. La preuve du bien-fondé de cette explication c’est que celui qui aurait un ami en parfait accord avec ses desseins et ses désirs, de sorte qu’il aime ce qu’il aime, qu’il haïsse ce qu’il hait, il lui serait possible de dire: Moi et mon ami nous sommes un. En outre, Î’sa a montré dans le même passage, que son unité avec le (Père) était métaphorique et que lui-même n’était pas vraiment Dieu. Voici ses paroles: “Qu’ils soient Un avec Toi; comme Nous”. Il veut dire par là: s’ils obtiennent de Toi une asistance qui les amène à ne désirer que ce que Tu désires leur unité avec Toi sera semblable à ma propre Unité avec Toi, puisque telle est ma condition à Ton égard. Je ne désire, en effet, que ce que Tu désires et n’aime que ce que Tu aimes. Pareillement ces autres paroles: “Père Saint, garde-les dans ton Nom!”, par lesquelles il implore pour eux, Allahu ta’âlâ qui détient entre ses mains(La puissance d’Allahu taâlâ.) les bienfaits et les maux. S’il avait été Dieu lui-même, il aurait été capable de les garder sans implorer l’assistance d’un autre et sans lui demander de les garder. Combien admirables toutes ces indications où il nous prévient de l’emploi du sens métaphorique et nous détourne du sens littéral! Une déclaration du même genre a été faite par Paul dans la lettre qu’il a envoyée à Corinthe( Une ville de la Grèce ancienne, près d’Athènes.), quand il eut compris la signification de ces passages; il dit:“Celui qui s’appuie sur Allah devient avec Lui un seul esprit”. Cette déclaration montre qu’il y a vu le même sens que nous, et compris que ces passages ne sont pas proposés au sens propre. c) Troisième passage. - “Je leur ai donné la gloire... afin qu’ils soient un comme nous sommes un”. Jean le mentionne dans son Evangile, également au chap. 37:
Ce passage est très clair et corrobore ce que nous avons dit. La preuve en est que Hadrat Î’sa a levé le voile de l’équivoque et a indiqué le sens de la métaphore par ces paroles: “Et moi je leur ai donné la gloire que Tu m’as donné, afin qu’ils soient un”, c’est-à-dire que cette Gloire les rassemble dans leur dispersion et fasse que dans toutes leurs actions ils rivalisent de soumission à ton égard, aimant ce que Tu aimes, haïssant ce que Tu hais, désirant ce que Tu désires. Ils deviendront ainsi pareils à un seul homme par la conformité de leurs opinions, de leurs actions et de leurs croyances, comme nous sommes un, c’est-à-dire comme je suis un avec Toi parce que Ta Gloire que Tu m’as donnée a fait que je n’aime que ce que Tu aimes, ne désire que ce que Tu désires, ne hais que ce que Tu hais, ne déteste que ce que Tu détestes et qu’aucune action enfin, ni aucune parole n’émane de moi, sans que Tu n’y consentes”. Sa condition à l’égard d’Allah étant ainsi établie, il a indiqué ici que lui obéir, c’était obéir à Allah, et qu’obéir à Allah c’était aussi lui obéir. C’est là le propre des prophètes envoyés d’Allahu ta’âlâ. Puis mettant en pleine lumière le sens métaphorique, il a ajouté: “comme Toi, Père, Tu es en moi, et moi en Toi, afin qu’ils soient, eux aussi. Un en Nous”, voulant dire par là: “Si leurs paroles et leurs actions rivalisaient pour être en accord avec ton désir, ton désir étant le mien, nous serions tous par là comme un seul être, en raison de la conformité de nos volontés”. Il ne s’en tient pas là, par crainte que l’imagination trop faible ne s’attachât à la lettre de ces passages, et il déclare qu’il est un envoyé et dit: “Afin que le monde croie que Tu m’as envoyé”. Il se fait plus explicite encore et déclare: “Ce n’est pas pour eux seulement que je prie, mais aussi pour ceux qui croient en moi, afin qu’ils soient tous un, comme nous sommes un”, voulant exprimer par là que son unité avec Allah n’entraîne pas sa propre divinité; sinon ce serait aussi le cas pour l’unité des autres avec Allah, puisqu’il lui avait également demandé de les rendre un avec Lui. Admirons donc tout ce qu’il y a de beauté dans ce passage. Des choses évidentes, qu’on déclare prendre dans leur sens vrai; d’autres qui ont un sens apparent mais on déclare que ce n’est pas ce sens apparent que l’on a en vue, et tant d’autres merveilles enfin dont nos (adversaires) se détournent au passage! Que Dieu bénisse celui qui a dit: “Combien qui raillent une parole vraie et dont le seul malheur est d’être faibles d’esprit! Les oreilles de chacun n’en retiennent que ce qui est à la mesure de ses aptitudes et de sa science.” Dans le même Evangile de Jean (au chapitre 25.), on trouve le témoignage que l’interprétation donnée plus haut correspond bien au sens qu’on a voulu exprimer:
Et ce qui montre encore de la façon la plus claire que ce n’est pas le sens réel de ces passages que l’on a en vue, mais qu’ils sont employés dans le sens métaphorique dont il a été question, c’est que l’Evangéliste Jean, fils de Zébédée, l’auteur de l’Evangile auquel ces passages sont empruntés, l’un des disciples qui comptent pour eux parmi les plus grands, au point d’être appelé le Bien-Aimé du Maître, lorsqu’il eut compris les acceptions indiquées et que ces passages étaient détournés de leur sens réel vers le sens métaphorique ci-dessus, Jean, dans sa premiére épître que l’on trouve au livre des Actes, déclare ce qui suit:
Il y a dit également:
Ce disciple, vénérable à leurs yeux, a tenu ce langage pour signifier la présence d’Allahu ta’âlâ, disant: “Et par là nous savons que nous demeurons en Lui et que Lui aussi demeure en nous.” Si donc ce disciple, vénérable à leurs yeux, avait compris que la présence dont Î’sa aleihissalâm avait parlé dans les passages précédents entraînait la divinité, il se serait attribué la divinité à lui-même et aux autres en disant: “Et par là nous savons que nous demeurons en Lui et qu’IL demeure aussi en nous”. En réalité, ils ne croient pas cela de Lui, ni d’aucun des autres disciples et adeptes de Hadrat Î’sa. Il faut donc qu’il ait compris ces passages dans le sens métaphorique signalé par nous. Autre preuve dans le fait qu’il a lui-même laissé entendre le sens métaphorique par ces paroles: “En ce qu’il nous a donné de son Esprit”. Il veut dire par là qu’IL nous a prodigué de sa grâce et de sa protection, par quoi nous apprenons ce qui convient à sa Grandeur; Il nous a ensuite assistés, pour que nous y conformions notre conduite de sorte que nous ne désirions plus que ce qu’IL désire et que nous n’aimions plus que ce qu’IL aime”. On en revient ainsi de nouveau à l’emploi du sens métaphorique indiqué. Il reste cependant dans ce 3e passage des considérations plus subtiles qu’on ne peut déduire que par l’exercice d’une réflexion attentive. Ainsi, lorsqu’il dit Î’sa: “je leur ai donné la Gloire que Tu m’as donnée”, d’après le sens littéral, ce terme est pris dans son acception totale, car Hadrat Î’sa a désigné d’abord la gloire au sens courant du mot, puis l’a spécifiée en disant: “celle que tu m’as donnée”. Il semblerait qu’il désigne par là tous les éléments que comprend la Gloire. Comme si quelqu’un disait: “J’ai donné à un tel les dirhems que tu m’as donnés ou le cadeau que tu m’as envoyé”: il semblerait désigner la totalité (des présents). Mais si l’on veut être impartial, l’on verra que ce n’est pas le sens propre que l’on a en vue, car les éléments de la gloire qui lui a été départie comprennent la qualité de prophète et celle d’envoyé, avec tout ce qu’elle comporte: rang, ascension au Ciel et puissance d’accomplir des merveilles extraordinaires. Et toutes ces choses ne sont pas comprises dans ce qu’il donne. D’où la nécessité de prendre le terme dans une acception bien déterminée, autrement, il faudrait le supprimer. Il reste donc que par le “don”, il a voulu exprimer qu’il leur communquait la science ce qui convient à Allahu ta’âlâ. Il demanda ensuite pour eux l’assistance toute spéciale d’en haut, pour agir en vertu de cette science. Il dit donc: “Sanctifie-les dans Ta Vérité”, c’est-à-dire: “Moi je leur ait fait connaître ce qui convient à Ta Majesté, et c’est là le rôle des Prophètes-envoyés. Guide-les maintenant toi-même, et assiste-les, afin qu’ils agissent en conséqence”. C’est là le propre d’Allahu taâlâ qui seul a le pouvoir de créer les actions (humaines). Si l’on dit: Pourquoi ne serait-il pas possible de comprendre dans la Gloire qui lui a été donnée l’union qui lui a valu d’être Dieu? (bien qu’il soit prouvé que ce n’est pas ce qu’il a voulu dire et que cette union (spéciale) n’est pas donnée, et qu’elle n’est donc pas visée malgré qu’elle soit comprise sous le vocable général (de gloire). Nous répondons: il y a de quoi pleurer sur une argumentation aussi piteuse! La Divinité se prête-t-elle donc à être donnée? Les gens de raison sont tous d’accord sur une pareille impossibilité. Et y a-t-il là autre chose qu’une pétition de principe? sans le recours à aucune sorte de preuve en dehors des significations littérales que nous avons déjà expliquées et retirées de leurs mains: Le fondateur de leur religion les a d’ailleurs lui-même interprétées, se défendant de les prendre d’une manière absolue et de les employer dans leur sens propre. 2- Passages ayant trait à l’humanité de Jésus [Salut de l'Eternel soit sur lui]. Une difficulté de ce genre, en outre, ne se tranche pas par simple supposition et exige une argumentation par preuves solides, en particulier pour un personnage dont la nature humaine est évidente, clairement établie, avec tous ses tenants et aboutissants et toutes ses notes “essentielles”, comme l’animalité, la parole, la fatigue, la faim, la soif, le sommeil, la gestation dans le sein maternel, et la souffrance, d’après ce qu’ils prétendent du moins, dans la Crucifixion, où il a dit: “Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné?” Or tout cela est contraire à la Divinité. a) Le figuier maudit. Comment peut-on le nier d’ailleurs, alors qu’on trouve dans l’Evangile de Marc ce qui suit:
Il a témoigné dans ce passage qu’il éprouvait la faim et qu’il croyait les choses autrement qu’elles n’étaient, car il crut que l’arbre portait des fruits, en quoi il se trompait; et il crut que c’était l’époque des figues ou bien que l’arbre avait porté des fruits en dehors de l’époque des figues, ce qui dans l’un ou l’autre cas était contraire à la réalité. On pourrait demander quel intérêt il y avait alors à détruire cet arbre? Nous répondons: il ne l’a fait que pour confirmer ses disciples dans leur foi et pour les porter à multiplier des oeuvres capables d’obtenir, (entre autres) de pareils effets. Les prophètes et les saints, quand ils reçurent l’assurance du paradis, ce fut celle d’un paradis entouré d’éprouves rebutantes. Endurer la faim et l’accepter (de bonne grâce) compte parmi les éprouves les plus rudes; or les malheurs que l’on endure minent le rempart de la piété chez les initiés, et chez le vulgaire, entraînent la perte d’un grand nombre. En leur montrant donc une pareille action comme une conséquence des bonnes oeuvres, il les engageait eux aussi à multiplier ce qui porte de tels fruits, mettait dans leur coeur le mépris des misères de la vie et de ses souffrances. Il montrait en outre que l’épreuve de la faim et de la souffrance envoyée aux Prophètes ne signifiait pas un manque de considération pour leur personne ou leur dignité, mais avait pour but de les tenter et de les éprouver. Celui qui aura supporté l’épreuve avec reconnaissance et soumission, sera capable d’accomplir de pareilles choses. Ce qui justifie encore cette interprétation, c’est le discours de Hadrat Î’sa à Pierre dans la suite de ce passage; alors que ce dernier lui avait dit: “Maître, ce figuier que tu as maudit, s’est desséché” - “Si vous aviez de la foi en Dieu, en vérité, je vous le dis, si quelqu’un dit à cette montagne: ôte-toi de là et jette-toi dans la mer, et qu’il ne doute pas dans son coeur, mais croit que ce qu’il dit se fera, il le verra s’accomplir pour lui”. Tout cela montre bien que le desséchement de l’arbre n’est qu’un simple prodige, car il leur a conféré de pouvoir par la sainteté, transporter les montagnes et les jeter dans la mer, ce qui est plus considérable que de dessécher un arbre. Il y a encore une autre chose de ce genre qu’il a présentée dans l’Evangile et qu’il a expliquée clairement.
Confirmation nous en est, d’ailleurs, donnée dans le passage même que nous examinons où il est nettement question de la faim et de la recherche d’un fruit sur l’arbre. Par là se trouve également renversée l’affirmation de celui qui dit: “Il n’a accompli ce prodige que pour montrer qu’il avait le pouvoir de faire périr ce qui est vivant”. Dans ce cas il faudrait que l’auteur du passage évangélique ait menti quand il dit: “Il eut faim” et quand il dit: “et il s’approcha pour y chercher un fruit”. Il a fait de ce désir (de Jésus) la cause de sa démarche. - L’explication qu’ils donnent est-elle vraiment autre chose qu’une grossière aberration de leur esprit! Car il ne s’est approché de l’arbre que pour y chercher un fruit. Comme celui qui dirait: Ayant eu faim, j’aperçus un arbre et je m’y portai pour y chercher un fruit. N’y toruvant rien, par une malédiction je la desséchai, afin que l’on comprit que je suis un dieu capable de faire périr les vivants. Leur langage est celui des gens bornés. Qu’Allah est loin de tout cela! b) Quatrième passage: L’ignorance du “jour et de l’heure”. Le quatrième passage est donné par Marc dans son Evangile (Au chapitre 24.). “Quant à ce jour et à cette heure, nul ne les connaît, ni les Anges qui sont au Ciel, ni le Fils, seul le Père”. Il fait dans ce passage profession d’humanité pure, écartant de lui la Science propre à la divinité, et c’est là une des meilleures preuves de cette humanité pure. Mais leurs divagations les a portés à entendre ce passage, comme si les mots “Anges” et “Fils”, faisaient partie d’une même énumération avec le “jour” et “heure”. Ce qui reviendrait à dire: “Quant à ce jour et à cette heure, ainsi que les Anges et le Fils, nul ne les connaît, si ce n’est le Père.” De tels esprits sont bien étonnants, comment n’ont-ils pas senti que les attributs divins, même s’ils ne sont pas établis par des preuves solides, ne laissent pas cependant d’apparaître clairement. Considère donc combien est forcée cette interprétation qui choque rien qu’à l’entendre et combien d’expressions évidentes elle contredit. En outre, quand le partisan de cette théorie se trouva acculé et qu’on lui eût demandé quel mot dans ce passage posait une interrogation sur les Anges et le Fils, pour permettre une réponse pertinente, il recourut au mensonge et dit: Hadrat Î’sa a compris qu’on l’interrogeait sur les Anges et le Fils et a répondu sur les deux à la fois. De plus, l’auteur de cette interprétation y a eu recours pour ne pas dénier à Allah la science qu’il faut lui attribuer, mais l’interprétation qu’il donne tombe dans la même difficulté, sauf qu’elle suppose en Allah une ignorance plus grande encore. Et voici qui le prouve: S’il considère “Fils” et “Anges” comme énuméres avec “jour” et “heure”, le sens serait alors: “Quant à connaître l’ “heure” même, ainsi que la nature du Fils et des Anges, le père seul le peut”. Or, Î’sâ aleihissalâm (Jésus) quand il emploie le mot “Fils” se désigne lui-même, et quand il emploie le mot “Père” il désigne Dieu. Voilà donc ramenée cette même ignorance qu’ils ont voulu écarter, mais plus grande encore, car d’après le sens littéral du passage cité, Î’sâ aleihissalâm s’était défendu de posséder la connaissance de l’Heure exacte, et dans cette interprétation, il se serait défendu de connaître et l’Heure exacte et sa propre nature et la nature des Anges. Quels esprits étranges que ceux-là! L’homme sage doit remercier Allah de l’avoir gardé d’un pareil dérèglement, il n’a que dérision pour qui voulant écarter une moindre ignorance, arrive à en affirmer une plus grande. Il est donc clair que s’écarter du sens obvie de ce passage est pure divagation? Il serait indigne d’un homme de perdre son temps à s’en occuper. c) Cinquième passage: “Celui que tu as envoyé, Jésus-Christ [Î’sâ aleihissalâm]. Le cinquième passage est donné par le même Jean, dans son Evangile, au chapitre 37:
Dans ce passage, il attribue au Christ la qualité d’envoyé, or cette qualité ne peut se rapporter à l’humanité Christ, car (il faut dire ici) que le Christ est un terme qui désigne chez eux l’ensemble d’une substance composée de divinité et d’humanité. Si quelqu’un prétendait que ce terme (de Christ) n’est pas pris en rigueur, la phrase ci-dessus ne serait pas correcte alors, et serait contredite par l’impossibilité d’user d’une pareille tournure dans le langage ordinaire. Ainsi de dire: “J’ai vu de l’encre”, alors qu’on veut signifier le sulfate de fer en tant que tel et indépendamment de sa qualité d’encre, ne serait juste d’aucune manière. Et encore, à supposer qu’on ait pu démontrer que la langue de l’Evangile a cette particularité de pouvoir, en exprimant le tout, signifier seulement la partie. Le ferait-on, il resterait que ce que nous avons dit constitue une réponse suffisante, en raison de la ressemblance de cette langue avec l’arabe. Et si on ne le faisait pas, l’objection tomberait d’elle-même et point ne serait besoin de la réponse donnée. Î’sâ aleihissalâm, d’ailleurs, corrobore lui-même cela par ses paroles: “Afin qu’il donne à tous ceux que tu lui as donnés, la vie éternelle”. Puis expliquant la “vie éternelle”, il dit: “Et la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent comme le seul Dieu véritable et Celui que tu as envoyé, Jésus-Christ”. Il a attribué par là à Allahu taâlâ la divinité et l’unicité et s’est déclaré lui-même son envoyé.
d) Sixieme passage: “Moi, un homme qui vous ai dit la Vérité”. Sixième passage que donne aussi Jean dans son Evangile au chapitre 21:
Ayant donc établi que “Toute sa Maison” veut dire sa propre nation, le sens du passage cité est alors: “Et il est semblable à Moûçâ dans sa nation”. C’est là une déclaration de sa qualité d’Envoyé pur et simple.
Ajoutons que dans la langue d’où a été traduite l’épître en question, “l’homme de confiance” veut dire le “Serviteur” de celui qui l’a créé. 3- Considérations sur le sens du mot “Hulûl”(Habitation divine dans l’âme; compénétration.) le privilège théopathique spécial à Jésus [Î’sâ aleihissalâm]. Ici doit intervenir une considération: c’est que l’emploi du langage méthaphorique que nous venons d’étudier, c’est-à-dire l’usage du terme de “hulul” et de l’expression “Moi et le Père nous sommes Un”, n’a nullement été concédé, ni au fondateur de notre religion révélée (Muhammed aleihissalâm) ni à aucun autre d’entre les musulmans. Mais que, d’autre part, Jésus (Î’sâ aleihissalâm), lui aussi était le fondateur d’une religion révélée, et que chaque religion révélée jouit de privilèges qui lui sont particuliers. Or, comme Hadrat ‘Isâ, lorsqu’il usait de ces termes, s’est dégagé en proposant (aux Juifs) une comparaison, du soupçon de les entendre suivant leur sens littéral, il demeure prouvé qu’il avait bien été autorisé par Allah à en user librement et à recourir à ce style métaphorique. Il en est de même pour l’emploi des termes de “paternité” et de filiation” et nous mentionnerons l’acception qui le porta à les employer. 4- Récapitulation Je me demande alors quelle excuse invoquera l’adversaire, alors que Î’sâ aleihissalâm affirme lui-même son humanité, qu’il se dit envoyé, et soumis, et tout ce qu’il fait à ce qui lui est commandé, et alors qu’il interprète lui-même métaphoriquement les versets précédents dont le sens littéral entraînerait l’union (divine): tantôt il écarte ce sens en invoquant devant les Juifs l’exemple qui a été donné, tantôt il déclare clairement qu’il est un envoyé; ailleurs il implore Allahu ta’âlâ dans l’attitude de l’esclave soumis; il en sollicite les bienfaits pour ses disciples, en disant: “Garde-les dans ton Nom que Tu m’as donné”, et: “Sanctifie-les par ta Vérité”. III. - LES THEORIES ECHAFAUDEES PAR LES CHRETIENS ET LEUR REFUTATION Quand l’adversaire se trouve ains acculé par les difficultés, tu le vois, alors, changer comme un caméléon; trouve-t-il un texte indiquant l’humanité, il le rapporte à la nature humaine; rencontre-t-il un sens littéral pour lequel il est incapable de trouver une explication, il l’apporte à l’appui de la nature divine! Considère donc comment Allah a aveuglé celui qui fait de son Dieu tantôt un homme et tantôt un Dieu. Combien Dieu est loin au-dessus de ce qu’ils disent! Mais c’est cela qu’il nous faut maintenant réfuter, sans en négliger les inconvenances et les invraisemblances. Nous disons donc: 1 - Les Jacobites Ils croient que Dieu a créé l’humanité de Jésus ceci: que Dieu a eu avec cette humanité une connexion semblable à celle de l’âme et du corps. Ensuite de cette connexion est sortie une troisième substance, distincte de chacune des deux premières, composée de nature divine et de nature humaine, douée de tous les atributs de l’une et de l’autre, en tant qu’elle est à la fois Dieu et homme. En établissant cette substance, ils sont tombés dans des absurdités blasphématoires qu’ils auraient mieux fait de tenir cachées. Mais le sot, s’il manque de vergogne, en arrive à dire tout ce qui lui plaît! Ils ont ainsi attribué à cette substance tous les caractères essentiels de l’homme, avec tous ses tenants et ses aboutissants (toutes les conséquences et tous les antécédents de son essence), et tous ses attributs, ainsi que tout ce qui est requis pour la nature de Dieu et tout ce qui lui répugne et tant qu’il est Dieu. Ils ont affirmé enfin que cette substance était différente de chacun des deux éléments, quoiqu’elle eût en commun avec l’un et l’autre tout ce qui a été mentionné. C’est le langage d’un homme dénué d’intelligence! Cette substance est celle qui est désignée par eux sous le nom de Christ, et c’est là un égarement très grand et un abandon de la vérité évidente. Vraiment, ils ressemblent, comme on dit, à celui qui s’étant mis à la recherche d’un étalon en état de gestation se prend, de guerre lasse, à rechercher des oeufs de coq! En effet, ils ont voulu établir entre l’essence divine et l’essence de Hadrat Î’sa, une connexion pareille à celle qui relie l’âme au corps. Ne pouvant y arriver, ils ont invoqué comme argument la simple possibilité logique, sans le secours d’aucune raison qui entraîne l’assentiment. Mais comment peuvent-ils prétendre prouver l’existence d’une chose qui, en fait, est impossible et qui ne peut exister d’aucune manière? Qu’il s’agisse d’une chose impossible, la preuve en est que l’existence de toute substance composée dépend de l’existence de ses parties et de leur combinaison dans un rapport déterminé. Elle a ainsi besoin pour exister de l’existence de ses parties composantes. Et chacune de ses parties, pour être ce qu’elle est, c’est-à-dire partie, avec ses qualités de partie, entrant dans une composition spéciale, a besoin de s’adjoindre d’autres parties. Or, l’hypothèse ici est que l’une des parties de cette substance est la nature divine, l’autre étant la nature humaine, et c’est cette dernière qui confère à la nature divine d’être partie et d’entrer en composition spéciale, en s’adjoignant à elle comme partie, puisque c’est par cette opération qu’a été obtenu l’ensemble dont nous avons parlé. Ainsi la nature divine aurait besoin de la nature humaine, ce qui est impossible et manifestement erroné. Si encore on ne veut pas signifer par “composition” une composition par compénétration, union ou juxtaposition! Si c’est quelque chose de ce genre que l’on avait voulu dire, l’égarement, serait plus pernicieux encore. On dira peut-être également, avec certains esprits stupides, que la nature de ce composé nous échappe. A cela, nous répondrons qu’abandonner les principes d’une saine raison pour en appeler à de l’inintelligible, c’est proprement sottise et faiblesse d’esprit. Nous ajoutons: il est clair que si Allahu ta’âlâ a créé cette nature humaine, puis s’y est manifesté en s’unissant à elle, il Lui est donc survenu, après cette création, un attribut nouveau, à savoir celui de s’unir à cette nature humaine et de se manifester en elle. Or nous disons: si cet attribut est un attribut nécessaire, il ne peut être qualifié de contingent (Nous traduisons par “contigence” le mot arabe pour plus de commodité. Le sens des deux mots est d’ailleurs très voisin et à l’origine c’était bien la signification du Latin “contingere”. “Mumkin-ul-Vujud” signifie l’existence ou non-existence); s’il était seulement contingent, on ne pourrait l’attribuer au Créateur, car les attributs du Créateur sont tous nécessaires. En effet, toute chose dont la non-existence entraîne une contradiction, existe nécessairement. Or, quant aux attributs de Dieu, leur non-existence entraînerait nécessairement une contradiction manifeste. On pourra objecter: “Si cette conclusion s’imposait, la création du monde serait impossible, bien plus celle d’une seule créature, car si Dieu créait une seule créature, il Lui surviendrait un attribut nouveau, à savoir sa qualification par sa création, et voilà ainsi ramenée la précédente contradiction”. On y répond que cela ne s’ensuit d’aucune manière, car ce qu’on veut signifier en disant qu’Allah est Créateur, c’est qu’IL décrète la création de toute éternité et cet attribut est en Lui de toute éternité. Quand donc IL crée une créature, la science qu’il en a au moment de sa création et la puissance qu’IL a de la produire à ce moment, sont l’une et l’autre en Lui de toute éternité. Il n’y a donc de produit dans le temps que l’existence de la créature et cette existence n’est pas un attribut qui se toruve dans l’essence divine, mais dans l’essence de la créature. Quant à la relation de l’existence à l’action de la puissance divine sur elle, au moment où elle est créée, cette relation rentre dans la catégorie des “Rapports et Relations”. Or les rapports comme les relations ne sont pas des réalités existantes. Ainsi le fait d’être au dessus ou au-dessous, d’être Père ou fils. Ce sens est clair, tandis que ce qu’ils prétendent plus haut ne l’est pas: en effet, si la divinité s’unit à la nature humaine, cette union serait un attribut appartenant à l’essene divine. Comme Allahu ta’âlâ est bien loin de cela! Mais supposons même l’existence de cette substance. En faire alors une troisième substance distincte de chacune des natures divine et humaine, revêtue de tous les attributs nécessaires à chacune d’elles, de toutes les conséquences, de tous les antécédents, de tous les attributs de la nature de l’homme, en tant qu’il est homme, d’une part, et de l’autre de tout ce qu’il faut attribuer à Dieu comme Dieu, de tout ce qu’il faut en écarter comme incompatible avec la divinité, pareil langage est contradictoire et personne ne peut prétendre à le prouver. La preuve en est que l’on ne qualifie une chose par un attribut que si cette qualification est possible. Cela établi, on ne peut appliquer tout ensemble à cette substance les lois de la nature divine et de la nature humaine; car tout ce que requiert la nature divine en fait d’attributs et autres prérogatives, qui Lui sont propres en tant qu’elle est divine, et qui la distinguent du reste, tout cela si la troisième substance la possédait aussi, il s’ensuivrait qu’elle devrait se confondre avec cette nature divine elle-même. Il faudrait en dire autant de la nature humaine, car cette troisième substance est commune aux deux natures, participe à toutes les conséquences, à tous les antécédents de chacune de ces deux natures, à toutes les propriétés qu’elles possèdent en tant qu’elles sont nature divine et nature humaine, selon ce qui a déjà été dit. En effet, ceci posé, si l’on établissait par ailleurs la distinction entre ces substances, il s’ensuivrait qu’on attribuerait à quelque chose toutes les notes essentielles à l’homme, constitutives de sa substance, avec tous ses accidents nécessaires et tous ses accidents distinctifs, et l’on supposerait pourtant que c’est une substance différente de la substance humaine. Quelle évidente absurdité! En effet, si tous les éléments essentiels à l’homme et qui le constituent, si tous les accidents qu’il possède en tant qu’homme, se trouvaient réunis dans un sujet, ils lui conféreraient nécessairement la nature humaine et ne permattraient d’y admettre aucun caractère étranger. Sinon, elles ne lui appartiendraient pas en tant qu’homme, conformément à l’hypothèse. Ce serait là une contradiction. Par ailleurs, si cette troisième substance était une nature divine parfaite, elle aurait les attributs de la nature divine parfaite. Or, parmi ces attributs de la divinité parfaite, il y a celui de n’être point composée, partie de divinité et partie d’humanité. Car il s’ensuivrait alors nécessairement que l’essence divine aurait besoin de l’homme pour exister, et qu’elle serait précédée dans l’existence et par lui et par elle-même. Ceux qui ne sont pas frappés par des erreurs aussi manifestes tiennent une vérité aussi fabuleuse que le Griffon! Si l’on venait à dire: cette critique vaudrait si nous dotions cette troisième substance de tout ce que réclame la divinité, attributs et le reste, et de ce qui rentre dans la nature humaine, prise comme substance. Mais si nous appliquons à chacune des natures humaine et divine, les caractères et attributs qui lui appartenaient avant la composition, pourquoi contestez-vous que cela soit possible? Nous répondons: Ces qualifications, nécessaires à chacune des deux natures, en tant que divine et humaine, prises en dehors de l’état de composition ne peuvent s’appliquer à cette troisième substance. En effet, ce serait là spécifier un élément séparé, en tant que séparé. Mais si l’on considère ces qualifications dans le composé, il n’est plus possible qu’elles aient toutes subsisté après la composition. Car, si tout ce qui est requis pour chacune des deux natures séparées en tant que telle, leur était demeuré après leur composition, il faudrait que la troisième substance le possède aussi, et l’on ne peut échapper alors à l’absurdité mentionnée, à savoir que la troisième substance soit identiquement la nature divine et la nature humaine, car elle partagerait avec elles deux tout ce qui est requis pour chacune d’elle, en tant qu’elle est Dieu et en tant qu’elle est homme. Il est donc établi, par ce que nous venons de dire, qu’il n’est pas possible de doter cette troisième substance des attributs nécessaires pour chacune des natures divine et humaine, soit qu’on les considère à l’état de composition, soit qu’on les considère à l’état séparé. Ce sont là des considérations très subtiles. Il faut les bien comprendre. Celui de nos adversaires qui ignore la nature du composé, pense qu’il peut échapper aisément à cette absurdité. Il croit qu’il échappera à ces difficultés par des comparaisons. Mais ces comparaisons ne valent pas pour le problème en question. Il dira: On s’entend à attribuer à l’homme la corporéité, la sensibilité, la croissance, le changement, la mortalité, la localisation dans l’espace; on lui attribue aussi le langage, la perception de l’universel et de l’individuel ainsi que l’intellection et bien d’autres choses encore qu’il faut rapporter à l’âme. Or tous ces caractères ne sont pleinement déterminés que si l’on considère à part le corps, et l’âme en tant que tels. Ce radotage est manifestement sans portée dans le cas qui nous occupe ici. Ils croient que la troisième Substance est à la fois homme parfait et Dieu parfait, et que tout ce qui appartient à l’homme Lui appartient, et pareillement tout ce qui est de Dieu. Il faudrait donc un exemple qui réponde exactement à cette doctrine. Pour cela il faudrait démontrer qu’il est exact de dire de l’homme qu’il est une forme séparée, qu’il n’est point un corps, ni vivant dans un corps, ni circonsrit dans un lieu, qu’il est éternel, soustrait à la mort. Car ici ils font appel à la philosophie. Il leur faudrait ainsi attribuer à l’homme ce qui est attribué à l’âme en tant qu’âme, puis lui attribuer également le contraire, c’est-à-dire ce qui est attribué au corps animé en tant que corps, et dire alors que c’est un genre naturel que l’on trouve réalisé dans des individus, divers par définition et par essence et qu’en même temps c’est seulement une partie du genre et qu’il est localisé, mobile, corruptible. A mon avis, celui qui s’obstine à doter la troisième Substance de toutes les contradictions ci-dessus, celui-là n’est pas loin de nier la nécessité logique elle-même et d’être contraint d’admettre cela même qu’il nie. Y a-t-il, en effet, une différence! Il est surprenant, vraiment, d’être aveuglé sur des questions aussi claires. Et si l’on y croit malgré leur incohérence, l’aberration est encore plus grande! Si l’on dit: Tout cela s’imposerait si le composé dont nous parlons, était par compénétration et mélange. Mais nous entendons par la composition de cette substance une composition morale qui revient à une relation morale entre la nature divine et la nature humaine. La réponse est que nous avons déjà montré l’inutilité d’une pareille relation, pour le but qu’ils poursuivent, la relation fût-elle générale ou limitée. 2 - Les Melkites La théorie ci-dessus, au sujet de la troisième Substance est attribuée au système Jacobite. Quant aux Melkites, ils ont une théorie pire que celle-là. Tu jugeras par toi-même, en l’entendant exposer, combien les opinions de ces communautés font la risé des hommes raisonnables. Tu verras aussi comment Allah a égaré par elles des gens qu’il a voulu égarer, en les enfonçant dans leur coeur et dans leur esprit. Nous disons donc: ils croient que la nature humaine et la nature divine en Jésus, sont deux natures distinctes et qu’il n’y a entre elles ni mélange ni compénétration, mais que chacune d’elles garde tous les attributs qui lui sont propres. Ils croient que le Messie est une hypostase de la nature divine seulement, laquelle est une substance simple, tirée des deux natures mentionnées et unie à l’homme universel. Considère donc l’incohérence de ce langage et son absurdité, et comment Dieu l’a suggéré à l’esprit de ceux qu’il veut égarer et détourner de la vérité manifeste. Ils considèrent ainsi la substance divine comme issue à la fois de la substance de l’homme et d’elle-même, puis ils lui attribuent une union avec l’Homme Universel, alors que l’Homme Universel n’a pas d’existence hors de l’esprit. Elle serait donc unie à ce qui n ’a pas d’existence objective, et il découlerait nécessairement d’une théorie aussi honteuse que le Crucifié lui-même serait Dieu! Loin d’Allahu taâlâ pareille chose. Nous pouvons tirer de l’opinion qui vivent d’être mentionnée, le syllogisme suivant: Le Christ a été crucifié; Or, rien de ce qui a été crucifié n’est Dieu; Donc rien du Christ n’est Dieu. Ils ne peuvent nier la majeure, car pour eux, la substance du Christ n’est pas composée, et ce à quoi elle est unie n’a pas d’existence réelle hors de l’esprit. Cela reviendrait d’ailleurs à dire que le Christ crucifié possède une relation à l’Homme Universal qui n’existe que dans l’esprit. Mais cela n’écarte pas la difficulté à laquelle ils ont été acculés. En effet, nous avons déjà montré que les relations n’ont pas d’existence propre. En outre, alors même que nous leur reconnaîtrions l’existence, ce ne serait point là pour eux une échappatoire car, ni aux relations, ni à l’Homme Universel, on ne peut attribuer la crucifixion, ni la douleur. Si l’on dit: Mais l’espèce universelle naturelle a une existence objective, nous répondons: Si c’est cela qu’on veut dire, il faudrait alors que Dieu soit uni à chacun des hommes. Si l’on répond: Ce que l’on veut exprimer ici, c’est le privilège particulier de la portion d’humanité prise par Jésus, en prescindant de ses notes individuelles qui le distinguent des autres hommes, nous répondons: c’est là une considération toute conceptuelle qui n’a aucune réalité objective. De plus la réalité de cette portion elle-même est conditionnée par l’existence de ses notes individuelles. Cela revient donc à l’union avec un homme individuel. Nous réfuterons cette opinion sous peu. En outre, si l’on s’imaginait que cette substance divine est tirée de la substance humaine et de la substance d’Allah lui-même, il s’ensuivrait nécessairement que la cause qui a actualisé cette substance divine avec tous les attributs qui lui revenaient alors des deux autres substances, aurait précédé dans l’existence cette même substance divine, ornée de tous les attributs mentionnés, et donc l’existence de la substance divine ainsi qualifiée serait précédée par l’existence de la substance humaine, comme aussi par sa propre existence. Or, les attributs d’Allahu taâlâ sont des attributs nécessaires et sont possédés de toute éternité par son essence. Mais l’une des substances qui est la condition de l’existence de la substance divine en possession des attributs mentionnés, se trouve être une substance humaine dont la création dans le temps est chose indiscutable. Comment serait-elle alors condition de ce qui existe de toute éternité? Tout cela si l’on entend l’expression: “issue de” dans ce sens que l’essence divine a acquis un nouvel attribut en créant l’humanité. Mais si l’on voulait dire que les deux substances sont condition de l’existence même de l’essence divine, ce serait là le langage d’un être dénué de raison. Cette théorie est celle de leurs anciens. Quant aux modernes, ils disent identiquement la même chose, sauf pour l’union. Ils disent, en effet, que le Christ possède une union avec un homme particulier. Chez les deux partis, le “Christ” désigne l’hypostase de la substance divine seulement. Et cette substance est pour les deux partis également une substance simple, tirée des deux autres substances, à savoir la substance de Dieu et l’humanité de Jésus. De plus ils s’accordent à dire que chaque substance subsiste avec tous ses attributs, sans mélange ni fusion, mais que chacune d’elles continue à garder son essence propre. Quant au Christ qui est l’hypostase de la substance divine seulement, ils déclarent qu’il a été crucifié. Ce second parti aboutit ainsi inévitablement aux mêmes difficultés auxquelles le premier a été amené. Pour les premiers, il en a été clairement question plus haut; quant aux seconds, comme ils déclarent que le Christ est l’hypostase de la substance divine seulement, et comme ils croient que cette substance divine n’est pas composée, et qu’il n’y a entre elle et la substance humaine aucun mélange ni fusion, et comme ils affirment avec cela sa crucifixion, il faut donc nécessairement que le Crucifié soit Dieu lui-même. Si l’on dit: chacun des deux partis affirme qu’il y a union. Pourquoi donc la crucifixion ne se rapporterait-elle pas à l’autre terme de l’union? Nous répondons: Cette théorie, ils ne peuvent l’établir en aucune manière. Les anciens, parce que l’autre terme de l’union n’a de réalité que dans l’esprit et parce que la substance du Christ, pour eux, n’est pas composée. Les modernes, eux, disent aussi la même chose. L’union chez eux, à un homme particulier, revient à une relation, et il est surprenant de les voir attribuer la crucifixion au Christ, alors qu’il est l’hypostase de la substance divine seulement. Ils reconnaissent ensuite que cette union n’est pas compréhensible dans sa nature. Comment est-il donc permis à un homme raisonnable d’attribuer la crucifixion à Christ qui est l’hypostase de la substance divine seulement, et de se déclarer par ailleurs ignorant de la nature de cette union, alors que l’on s’était basé sur la connaissance que l’on en avait, pour rapporter la souffrance à l’Homme et de se garder de l’attribuer à Dieu! Le plus fort en tout cela, c’est ce recours à ce dont on ignore la nature, alors qu’il s’offre une issue toute indiquée pour échapper à cet aveuglement; Quelle excuse invoque-t-il donc celui qui s’imagine s’attacher au sens littéral, à cause des passages indiquant l’union ou à cause des prodiges accomplis par la main du Christ? C’est l’aveu d’une ignorance qui est de nature à voiler la vérité. Mais celui qui ignore les postulats de la Science et n’y trouve point une lumière pour le garder de l’erreur, en vient facilement à soutenir de pareilles théories.
Puisque telle est sa condition, comment un homme raisonnable peut-il recourir à ce dont il ignore la nature, alors qu’il lui serait facile de comprendre, et comment repousse-t-il ce qui est suivant la raison et la tradition?Ê 3 - Les Nestoriens Quant aux Nestoriens, ils disent que l’union a eu lieu dans la volonté. C’est là un langage vague qu’il faut préciser. S’ils veulent dire par là que la volonté de Î’sa (aleihissalâm) est conforme à la volonté d’ Allahu ta’âlâ pour les cinq catégories d’actes, ne se séparant d’elle en rien de ce qui est prescrit ou défendu, ni en ce qui est recommandé, condamné ou permis, cela est vrai aussi de tous les prophètes et même des saints qui ne sont cependant pas au rang des prophhètes. Mais s’ils veulent dire au contraire que toute chose sur laquelle se porte la volonté divine, la volonté du Christ s’y porte également, c’est une erreur qu’un homme raisonnable ne saurait même concevoir, encore moins tenir pour une croyance. En effet, comment avoir pareille prétention, alors que la volonté divine avait résolu, d’après eux, la crucifixion du Christ, crucifixion que lui (Allahu ta’âlâ n’avait pas voulu, à l’étérnel passé, la crucifixion de ‘Îsâ aleihissalâm. Au lieu de Hadrat ‘Îsâ, on avait crucifié Judas transformé en ‘Îsâ par Allahu ta’âlâ. Il était l’un des douze apôtres; mais ensuite il trahit ‘Îsâ alehissalâm et ainsi il fut renégat. ) ne voulait pas, à laquelle sa volonté se refusait. A preuve sa prière, où il demande à Allahu ta’âlâ d’écarter cela, en lui disant: “Si c’est possible, que ce calice s’éloigne de moi, cependant non selon ma volonté, mais selon la tienne”! Il y exprime clairement la divergence entre les deux volontés. De même sa plainte douloureuse lorsqu’il s’informait du motif par ses paroles: “Eloï Eloï [mon Allah], pourquoi, m’as-tu abandonné?” qui montrent bien que ce motif, il l’ignorait. En outre celui qui ignore ce que sera un événement, comment sa volonté peut - elle en désirer l’accomplissement? Or, l’on sait que la volonté du Christ, a désiré que tous les enfants d’Israël se mettent à sa suite et se rallient autour de la vérité. C’est là d’ailleurs le cas de tous les Prophètes chargés de guider les peuples. Or, la volonté d’Allahu ta’âlâ n’avait point le même objet, mais l’objet contraire, puisqu’en fait le premier ne s’est pas réalisé! De même pour l’Heure: La volonté divine a décidé qu’elle viendrait à un moment déterminé, alors que le Messie ignore quel est ce moment fixé. Comment peut-il donc y attacher sa volonté? De plus, il s’est dirigé vers le figuier. La volonté divine a voulu qu’il s’y dirigeât alors que l’arbre ne portait pas de fruits; mais le Messie, lui, s’y est dirigé, ignorant le véritable objet de cette volonté divine. Pareils faits sont nombreux. Qu’on les cherche aux endroits où ils sont. Nous nous abstenons ici de nous y étendre, uniquement parce que c’est chose facile à trouver. IV. - LES DIFFERENTES APPELLATIONS DONNEES A JESUS 1 - Ilâh - Le cas de Hallâj-ı Mansur Cette secte, on le sait, attribue au Messie le nom de Dieu (Ilâh), Son but est-il de le magnifier en considérant que le terme “Dieu” se dit de tout ce qui est grand, ou bien veulent-ils signifier par là proprement sa divinité? Dans ce dernier cas, l’aveuglement de cette secte dépasserait celui de toutes les autres, et ce qui les fait choir dans de telles difficultés, c’est leur attachement à un littéralisme que la saine raison affirme absolument étranger aux intentions de l’auteur. D’ailleurs combien ne trouve-t-on pas dans toute religion révélée de sens apparents qui s’opposent à la saine raison, mais que les docteurs de cette religion ont expliqués allégoriquement? C’est dans des difficultés de ce genre que sont tombés un certain nombre de personnages illustres, dont l’un a dit: “Gloire à moi!”, l’autre: “Que je suis grand!”, et Hallaj: “Je suis Dieu!”, “Dans cette tunique, il n’y a que Dieu!” Cela a été mis de leur part sur le compte des états mystiques qui restreignent le contrôle du langage, au point que l’on a pu dire: “Ceux là sont ivres! et les propos des gens ivres, on les tait et on les rapporte point”. Cela s’impose parce que la saine raison déclare impossible que le sens littéral soit voulu par l’auteur. De plus ils ont l’air de s’encourager à marcher dans un chemin des plus étroits, au point de devenir la risée des railleurs sans que nul tressaillement de solidarité ne dresse personne pour les défendre. Une porte de sortie, cependant et une échappatoire leur seraient données, s’ils le voulaient, pour sortir du mauvais pas où ils se sont mis. Pourquoi, en effet, choisir ce qui offusque la raison, quand il est possible d’entendre le texte dans un sens correct ? 2 - Rabb
Paul a donné toute cette explications dans sa seconde lettre au chap. IX de ses épîtres, d’une manière qui ne laisse subsister aucun doute, sauf pour celui qui aurait perdu ses deux guides, la Raison et la Science. Il dit donc:
Cette démonstration est vraiment admirable! Il y met en lumière comment les termes “Dieu” et “Seigneur” s’appliquent également au Dieu (véritable) et à d’autres qui n’ont aucun droit à être adorés. Puis, il attribue au Dieu adoré la qualité de Créateur, qui a droit à l’adoration, et il fait dériver de Lui l’existence de toute chose en disant: “De qui est toute chose et nous, nous sommes en Lui”. Il déclare ensuite que c’est là le vrai Dieu (Allahu ta’âlâ) et il chante sa louange en proclamant son unicité par ces paroles: “Pour nous, nous ne reconnaissons qu’une seule divinité, et c’est Allahu ta’âlâ”. Il dénie à tout autre le droit à la divinité, en disant: “Il n’y a de divinité que Lui seul”! Il a désigné après cela le Messie, en lui donnant le nom de “Rabb”, Seigneur, dont nous avons expliqué l’ambiguité, l’employant (lui) aussi au sens de “Propriétaire”, comme l’indique le fait qu’il ne lui prête aucun des attributs d’Allah dont il vient de parler mais seulement une main “possédante” (la puissance de posséder) dont c’est le propre d’être attribuée au possesseur. Toutes ces indications sont admirables. L’homme intelligent n’a pas de peine à les saisir et à les admettre. Je voudrais bien savoir de quelle manière cette Loi religieuse a été établie sur des absurdités aussi grossières! L’ignorance les a entraînés, ainsi que l’insolence à l’égard d’Allahu ta’âlâ, de ses Prophètes, ces guides du peuple, des saints, ses intimes, jusqu’à forger dans leur esprit des fables qu’ils se sont racontées, les uns aux autres. Ainsi, ils sont d’accord pour dire que les enfants d’Adam ont été punis du fait de la désobéissance de leur premier père; et que tous les Prophètes et les Saints ont été précipités en Enfer. Ensuite que leur Dieu leur a promis de les racheter; qu’il les a payés d’une rançon généreuse; mais que la parfaite générosité chez celui qui rachète, consiste à se livrer soi-même. Or, comme son essence est simple, et ne saurait ainsi souffir dommage ni peine, Dieu s’est uni à l’humanité de Hadrat ‘Isâ. Cette humanité à laquelle il s’est uni a été ensuite crucifiée, et sa crucifixion est la cause du salut des prophètes et des saints et de leur délivrance de l’Enfer! Oui, par Allah, le TRès-Haut, on ne peut trouver de gens aussi sots! 3 - Les noms de “Fils” et de “Père” Quand à vouloir attribuer, comme ils le font, à Allahu ta’âlâ la Paternité et la Filiation à Î’sa aleihissalâm, dans l’espoir d’y trouver quelque avantage, ou d’établir une propriété qui entraînerait le privilège en question, en fait, il ne leur sert de rien. La preuve en est que dans la Thora, au contenu de laquelle ils ajoutent foi, il est dit: “Israël, mon fils aîné”; et aussi: “Dis à Pharaon que si tu n’envoies pas mon fis aîné adorer dans le désert, je tuerai ton fils aîné”, voulant désigner par là le peuple d’Israël. Or, leur nombre était alors 600.000, sans compter les femmes et les enfants. Voilà comment s’exprime la Thora.
En outre il a appliqué ce langage à ses seuls auditeurs, lorsqu’il dit dans l’Evangile de Luc:
Quant au fils, sa nature est d’être respectueux envers son père, déférent à son égard, plein de retenue en sa présence, docile à ses ordres, les accueillant avec des marques de révérence et de respect, n’y contrevenant point, se tenant à ce qu’il lui prescrit et lui défend. Or, pour Allahu ta’âlâ, si l’on considère sa bonté envers tout être, sa miséricorde et sa compassion à son égard, les biens qu’il lui promet et les maux qu’il écarte de lui, la révélation qu’il lui fait enfin de ce qui convient à sa majesté, les moyens qu’il lui donne de s’en acquitter, alors, en regard de cela, ce que fait un père de la terre, apparaît bien insignifiant et méprisable. D’un autre côté, la respectueuse attitude des prophètes envers Dieu, leur retenue avec lui, leur docilité à ce qu’IL commande, leur soumission à ce qu’Il défend, leur révérence à son égard est chose plus admirable que la conduite des enfants envers leur père. Dieu est ainsi pour eux le plus miséricordieux des pères et ils sont pour lui les plus pieux des fils. C’est là le sens profond de la métaphore lorsqu’on emploie ces termes. Donc, lorsque Hadrat Î’sa use de la métaphore en appliquant le mot “Père” à Allahu ta’âlâ, le sens en est qu’Allah est miséricordieux et bienveillant à son égard; et quand il s’applique à lui-même le mot “Fils”, le sens en est qu’il est plein de profond respect et de révérence pour Allah. C’est ainsi également qu’il faut entendre ses paroles, quand il exhorte à ne pas ôter l’espérance. Il veut dire: “si vous Lui obéissez en tous ces préceptes, Il vous traitera comme le père traite son enfant”. C’est aussi le sens des paroles de son disciple: “Celui-là est né de Dieu...” Voilà donc le mystère de ces expressions que les Prophètes avaient pénétrées. Aussi leur fut-il permis de le faire passer dans leur langage, se fiant à l’intelligence de celui que son discernement saurait préserver des imaginations trompeuses. Et voici maintenant que les Chrétiens eux-mêmes en viennent à employer ce terme couramment. En effet, s’ils voient un religieux ou un prêtre, ils lui disent: “Notre Père”, alors qu’il n’est pas réellement leur père. Mais ils ont dans l’esprit, en recourant à cet emploi, ce que nous avons indiqué, c’est-à-dire qu’ils assimilent, pour ses sentiments de compassion, le prêtre à un père, et qu’ils s’assimilent eux-mêmes, par le respect qu’ils lui portent, à des fils.
Il suit de ce que nous avons dit que le terme de “Fils” attribué à Î’sa ne contient aucune particularité qui le mette à part des autres.
V - DISCUSSION DE TROIS ARGUMENTS DES CHRETIENS 1 - Le Prologue de Jean et la doctrine Trinitaire
Le début de ce passage n’a aucun rapport avec l’établissement de la divinité de Hadrat Î’sa. Ils tiennent, en effet que l’essence du Créateur est une dans son substrat, mais qu’elle possède différents aspects. Si on la considère déterminée par un attribut dont l’existence ne dépend pas de l’existence antérieure d’un autre attribut, comme il en est par exemple pour l’Existence elle-même, c’est ce qu’ils apellent “la personne du Père”. Considérée sous le jour d’un attribut dont l’existence dépend de l’existence antérieure d’un autre attribut, comme nous apparaît la Science (en effet attribuer la Science à une essence, suppose qu’on lui a d’abord attribué l’existence de cette essence), c’est cela qu’ils nomment la personne du Fils ou la Parole. Si on considère enfin cette essence en tant qu’elle est connue d’elle-même, c’est cela qu’ils appellent la Personne du Saint Esprit. Le Père comporte donc la notion d’existence, la Parole ou le Fils, celle de Connaissant, le Saint Esprit, le fait que l’essence du Créateur est connue. Voilà le contenu de cette terminologie. L’essence divine serait donc Une dans son substrat, mais qualifiée par chacun de ces attributs. D’autres disent que l’essence divine, considérée en tant qu’essence et prescindant de tout attribut, représente pour eux l’Intellect pur et c’est ce qu’ils appellent la personne du Père. Considérée comme se connaissant elle-même, elle correspond pour eux à la notion du Connaissant et c’est ce qu’ils appellent la personne du Fils ou la Parole. Considérée enfin en tant que connue par elle-même, c’est la Personne répondant à la notion du Connu et qu’ils appellent Esprit-Saint. Suivant cette terminologie l’Intellect représenterait seulement l’essence divine et le mot “Père” en serait le synoyme. Le Connaissant serait cette essence en tant que se connaissant elle-même”. “Fils et Parole” en seraient les synoymes. L’intellection serait la Divinité en tant que son Essence lui est pleinement connue et l’exprimerait par le terme “Saint-Esprit”. Il est bien établi d’après cette double terminologie, que la Parole c’est l’essence dotée de Science et d’Intelligence; et de même le Fils. Parole et Fils sont donc une Personne qui correspond à Connaissant et Intelligent. Ainsi les paroles “Au commencement était la Parole” signifient: “Au commencement était le Connaissant” et la phrase: “Et la parole était en Dieu” signifie: “Et le Connaissant n’a pas cessé d’être un attribut de Dieu”, c’est-à-dire que Dieu a toujours possédé cet attribut. Ici le mot “était” est employé dans le sens de “n‘a pas cessé d’être”. Les mots: “Et la Parole était Dieu”, veulent dire: “Cette Parole, représente le Connaissant, et ce Connaissant est Allah”. Les mots: “Et cela était au commencement en Dieu” veulent dire: “L’objet de cette considération, c’est-à-dire le Connaissant qui est désigné par la Parole, n’a jamais cessé d’être un attribut d’Allahu ta’âlâ. Il est Allah, en outre, car il a été dit de lui: “Et la Parole était Allah” afin d’exclure la supposition de qui croirait que le Connaissant désigné par la Parole est autre qu’Allahu ta’âlâ. Telle est leur croyance quant aux Personnes divines et telles sont les paroles du commantateur de leur Evangile au début de ce chapitre. Si les idées sont justes, peut importent la terminologie et les conventions du langage. Or il est clair d’après leurs explications même que le début de ce chapitre ne peut fournir aucune indications pour la divinité de Hadrat Î’sa. Il reste dans le chapitre deux passages obscurs où le pied peut trébucher. Le premier, où il est dit: “Il y eut un homme envoyé par Dieu qui s’appelait Jean. Celui-là est venu pour le témoignage, pour porter témoignage à la lumière afin que tous croient par lui. Et il n’était pas la lumière, mais il devait porter témoignage à la lumière, qui est la lumière de la Vérité, qui éclaire tout homme venant dans le Monde. Dans le monde elle était et le monde a été fait par elle et le monde ne l’a point connue”. Nous disons: Ce qui est décrit dans ce passage comme étant toujours dans le monde et par lequel le monde a été fait, c’est soit l’humanité, considérée, à part de la divinité, ou dans son union avec elle; soit la divinité en tant que divinité ou dans son union avec l’humanité, c’est-à-dire, son apparation en elle; soit enfin une troisième Substance. Or tout cela est faux, à l’exception de la divinité en tant que divinité. Que ce ne soit pas l’humanité, cela s’impose, que nous la considérions à part de la divinité ou unie à elle. Prise sans cette union, la chose est claire. De même, unie; car son union avec la divinité est produite dans le temps, puisque l’union ne lui est survenue qu’après sa propre création. Comment donc peut-on dire d’elle qu’elle a créé le monde et qu’elle n’a cessé d’être dans le monde? De même pour la troisième Substance. Car cette troisième Substance, l’un de ses éléments, c’est l’humanité qui est produite dans le temps. Il faut donc que cette troisième Substance ait été dans le néant avant que l’Humanité soit créée. Il devient impossible de lui appliquer la description qui précède. Même chose pour la divinité en tant qu’apparaissant dans l’humanité. Cette apparition n’a eu lieu que lorsque la divinité eût créé l’humanité. Si donc nous jugeons de la divinité par rapport à cette union créée, il devient impossible de lui attribuer ce qui a été mentionné. Il ne reste plus que de rapporter ces attributs à Allahu ta’âlâ (lui-même), en tant qu’Allah, et non en tant qu’IL est uni à l’humanité ou que l’humanité se trouve réunie à Lui. . Il faut donc rapporter ces paroles à Allahu ta’âlâ et voici comme il faudrait entendre ce passage: “Mais pour porter témoignage à la Lumière qui est la Lumière de Vérité, par laquelle la Vérité éclaire tout homme, car la Vérité est ce qui guide chacun par la Lumière de sa connaissance vers les vraies connaissances et qui le met, en l’éclairant, au courant des secrets de ses oeuvres. Ces secrets, les esprits ne peuvent les atteindre que guidés par Sa Lumière”. C’est là un sens clair qui se passe de plus amples développements. Le mot “Lumière”, d’ailleurs, est déjà employé dans l’Evangile avec le sens de “guide”. C’est dans les paroles suivantes de Î’sa aleihissalâm:
Jean donne ce passage au chapitre 22me. De même ces autres paroles: “Je suis venu, lumière du monde”. Jean les donne au chap. 25. Ces déclarations corroborent l’interprétation à laquelle nous nous sommes livrés en prenant la Lumière au sens de guide. La seconde difficulté, c’est sa déclaration à la fin du chapitre: “Et la Parole s’est faite chair et elle a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire”. Il est indispensable ici de rapporter comment cette expression se trouve employée en copte, afin que l’on voie ainsi comment ils ont glissé dans l’erreur en s’écartant du sens exigé par l’étymologie et en détournant cette étymologie du sens le plus convenable pour lui en donner un autre, en opposition avec les principes de la raison. Le substrat de cette locution est: “Woh Bisagi Af’er ou Sarks”. Ce qui signifie en copte: “Et la Parole a fait un corps”. Car “Af’er” veut dire en copte: “Faire”. Sur cette étymologie il ne subsiste aucun doute, mais bien au contraire, l’expression prend ainsi un sens très clair, à savoir que le Connaissant qui correspond à la personne de la Parole, dont il a été dit qu’elle était Allah par ces mots: “Et la Parole était Allah”, ce Connaissant a façonné un corps et il a habité parmi nous et nous avons vu sa gloire, c’est-à-dire, ce corps façonné par Allah est lui-même Hadrat Î’sa et c’est lui qui a apparu et dont on a vu la gloire. Ils se sont excusés de répudier ce sens évident, en disant: “Etymologiquement, ce mot se trouve partagé entre les deux sens de “faire” et “être fait”. Une telle considération vaut bien que l’on s’en excuse, mais c’est une dérision, car un mot équivoque est déterminé dans un sens ou l’autre par le moindre indice qui indique, dans le contexte, le sens que l’on a en vue. Qu’as-tu donc à disputer contre la raison qui exige de prendre ce mot dans le sens que nous avons signalé! En outre, concéder même que ce mot possédât à l’origine une double acception, le traducteur aurait cependant agi à l’inverse de ce qui est de règle en cas de vocables amphibologiqes. En effet, lorsqu’on hésite entre les différentes acceptions d’un vocable amphibologique, c’est le contexte qui détermine quelle est la bonne. Pour notre traducteur, il a simplement décidé de détourner le vocable de ce qu’il doit signifier, et de le prendre dans un sens que la saine raison condamne chez l’auteur. Or il l’a fait pour obtenir ainsi que l’Omniscient (Allahu ta’âlâ est Omniscient. IL a l’attribut d’omniscience.) se soit fait chair! Je ne connais personne qui ait envers Allah insolence pareille à celle de cette secte. Par Allah, vraiment, il n’y a point de stupidité plus grossière que celle de gens qui croient que le Dieu du monde a été enseveli. Ils y ont encore porté la comble en ajoutant: “C’est même le seul samedi où il faut jeûner”, car celui qui a fait la terre est resté enseveli en ce jour. C’est ce qu’on lit dans leurs canons, transcrits d’après la tradition de leurs chefs et apôtres. Vraiment celui que Dieu égare ne peut plus trouver de maître pour le guider! Si l’on dit: “Ce mot a été pris dans cette acception parce que c’est le contexte qui l’a fait prévaloir”, je réponds: “Tout déterminatif qui contredirait la raison est à repousser et l’on ne peut s’y appuyer. Sans compter que c’est ignorance que d’appeler cela “déterminatif”. Celui qui le fait n’a point de règle scientifique qui le guide dans la poursuite de la Vérité. Nous pourrions nous arrêter à l’exposé de ce cas très clair. Cela suffirait à résoudre la difficulté qu’ils y ont introduite en recourant à la falsification. Mais si nous voulions couper court à toute contestation et concéder que ce mot possède étymologiquement une double acception et que le contexte qui l’accompagne fait prévaloir le sens de “devenir” sur celui de “façonner”, la réponse à cette difficulté serait également claire. Pris dans cette acception, aucun homme raisonnable n’aurait la moindre hésitation à détourner ce mot de son sens littéral. En effet, la Parole dont il est question au début du chapitre, a été déclarée Dieu en ces termes: “Et la Parole était Dieu”. Comment peut-on alors dire de Dieu qu’il s’est fait chair! Voici donc comment il faut rectifier ce langage: La Parole chez eux consiste dans l’essence (divine) considérée sous le rapport des attributs de Science et d’Expression, comme cela a été dit au début du chapitre. Ce vocable se trouve ainsi désigner les attributs de Science et d’Expression. Cet emploi n’est pas limité à Allahu ta’âlâ car le terme litigieux, de quelque manière qu’on l’emploie, doit s’ appliquer, en toute vérité, à chacun des objets qu’il désigne. Ce vocable de “Parole”, en conséquence, serait employé pour désigner l’essence sous le rapport de la Science et de l’Expression et en prescindant de la corporéité, que l’essence la possède ou en soit dépourvue. C’est ainsi qu’au début du chapitre, la Parole a été appliquée au Connaissant, substantiellement dépourvu de la corporéité, et qui est Dieu. Mais à la fin du chapitre, ce terme est appliqué au Connaissant ou Parlant, substantiellement doué de corporéité et qui est en même temps Envoyé. Le sens des paroles: “Et la Parole s’est faite chair”, serait donc que ce Dieu connaissant qui était désigné par la Parole, était dépourvu de la corporéité, mais que maintenant, cette désignation est passée à un Connaissant doué de corporéité et qui est l’Envoyé d’Allahu ta’âlâ. Car si ce mot a été formé pour désigner l’essence sous le rapport de la science, la notion du Connaissant s’en dégage nécessairement. A supposer toujours que le mot “Parole” désigne l’essence douée d’un attribut, en tant qu’elle est essence. Si l’on objecte que cette appellation (la Parole) est réservée à l’Essence divine, on répond alors que l’application qui en est faite à Hadrat Î’sa est par manière de métaphore. En effet, dans le cas, il y a participation certaine à la signification du terme et cela constitue l’un des principaux titres pour justifier l’emploi métaphorique. On ne peut, non plus, repousser cette interprétation sous prétexte qu’elle s’oppose au sens littéral, car une métaphore n’a précisément d’autre but que de détourner le discours de son sens apparent, en raison d’une indication qui ne permet pas de le maintenir dans son acception propre. Si l’on disait: cette interprétation ne serait acceptable que si vraiment le discours restait cohérent surtout quand il s’agit des paroles de Dieu. Nous répondons: ce qui est raisonnable lorsqu’on juge qu’une expression ne peut être maintenue dans son sens propre, c’est de recourir à l’interprétation métaphorique. Or, si l’interprétation, en détournant le mot de son sens littéral, comme nous l’avons dit, réussit à lui donner un sens plausible, il ne reste alors au partisan du sens littéral aucune excuse pour refuser ce qui est raisonnable et pour repousser une possibilité d’interprétation métaphorique. Nous allons montrer maintenant qu’aucune incohérence n’est introduite dans le discours par les expressions de ce passage et comment on peut les entendre dans un sens admissible, suivant l’interprétation que nous en avons déjà donnée. Nous disons donc: Il est établi que la Vérité est ce qui éclaire de sa lumière tout homme qui vient et fait tomber pour lui le voile de toute chose cachée. C’est ce qu’indique le passage suivant: “Afin de porter témoignage à la Lumière qui est la Lumière de Vérité, qui éclaire tout homme”. Quant à ses paroles: “Et il était dans le monde”; cela peut qualifier la Lumière, aussi bien que la Vérité, car qu’Allah soit guide de Vérité, qu’IL manifeste toute chose cachée, qu’IL écarte le voile de toute obscurité, voilà qui est manifeste et constant dans le monde. Les paroles: “Le monde a été fait par Lui”, indiquent un attribut de la Vérité et cela avait déjà été signifié au début du chapitre par ces paroles: “Tout était en Lui (a été fait par Lui)”. Je me demande quel prétexte on peut avoir d’appliquer ces paroles à Î’sa, en dépit de ce qui est exprimé en tête du même chapitre, parlant de Dieu: “Et sans elle, rien n’a été fait de ce qui a été fait”! Ses paroles: “Elle vint parmi les siens” désignent les familiers de la Vérité. Cette Vérité dont la lumière a lui, la lumière de sa direction et de ses conseils, car c’est par sa lumière que se dirige tout homme qui suit la voie droite. Ce que l’on entend ici par la venue de la Lumière, c’est son apparition, car pour les choses spirituelles, on dit “venir” dans le sens de se manifester. Et ses paroles: “Et les siens ne le reçurent pas”. Par “les Siens”, on entend “ceux qui ont été appelés pour être dirigés (dans la vérité). Ce qui veut dire donc: Et les siens, ceux qui ont été conviés à se mettre sous sa direction, ne l’ont pas accepté comme guide. Et ses paroles: “Quant à ceux qui le reçurent”, c’est-à-dire ceux qui acceptèrent sa direction, et ils ne sont pas les mêmes que ceux qui la rejetèrent, comme l’indique “quant à”, particule de disjonction qui introduit le début du passage: “il leur donna le pouvoir de devenir fils de Dieu”. L’expression la plus naturelle aurait été de dire “ses fils”, mais il l’a évitée pour faire mention formelle du Nom vénéré d’Allahu ta’âlâ, voulant par la dignité de cette relation, produire une plus grande impression sur les âmes. Il dit ensuite: A ceux qui croient en son Nom et qui ne sont ni du sang, ni du désir de la chair, ni du vouloir d’un homme, mais sont nés d’Allah”, voulant signifier que cette filiation par laquelle ils ont acquis l’honneur de la parenté avec Dieu, n’est pas du genre des filiations dont c’est le propre de survenir par la volonté des hommes et l’union avec les femmes et par la formation de chair et de sang, mais on entend par là l’extrême souci de Dieu à se rapprocher d’eux et à leur témoigner sa sollicitude, comme il a été dit. Après quoi il a poursuivi, montrant qu’il appartient à la Parole, d’où est extraite la notion du Connaissant de s’appliquer à ce Connaissant, qu’il soit dépourvu d’humanité, comme c’est le cas pour l’essence divine, ou qu’il y soit uni, comme c’est le cas pour l’envoyé d’Allahu ta’âlâ. En outre les chrétiens ont interprété la doctrine des hypostases d’une manière qui les a amenés à reconnaître, aussi bien dans la réalité que dans le simple concept, trois dieux distincts en nature et en substance, -ou alors à nier l’essence de Dieu. En effet, ils font consister le Père dans l’essence sous le rapport de la Paternité, le Fils dans l’essence sous le rapport de la Filiation et l’Esprit Saint dans l’essence sous le rapport de la Procession. Puis ils disent “Un seul Dieu”! Si on les presse un peu là-dessus en leur montrant que l’essence du Père, spécifiée par la Paternité, ne peut admettre l’attribut de Filiation et qu’il en va de même pour le Fils et l’Esprit Saint, et que l’essence divine n’étant pas de la catégorie des essences relatives, elle ne peut être considérée sous l’aspect de la paternité pour l’un et sous celui de la filiation pour l’autre, ils répondent que l’essence reste une, et qu’il est impossible de lui rapporter tous ces attributs; toutefois, ajoutent-ils, quand nous lui rapportons un attribut, nous sous-entendons la négation de ce qui n’est pas lui. Ici éclatent l’ignorance, l’aveuglement et la stupidité! Ils affirment l’éternité de ces essences ainsi que de leurs attributs. Elles sont donc dans le rapport de cause nécessaire et d’effets inséparables. Or quand une pareille cause est donnée, son effet est donné aussi nécessairement, et inversement si l‘effet est absent, la cause l’est aussi. Donc supposer la négation d’un attribut inséparable de l’essence, c’est supposer la négation de cette essence elle-même. C’est à quoi fait allusion le Coran (Kur’ân-ı karîm): “Ils sont impies ceux qui disent que Dieu entre en tiers dans une Trinité”. 2 - Antériorité de Jésus à Abraham.
Le texte de l’Evangile, d’ailleurs, exprime clairement d’une manière générale, aussi bien qu’en particulier, la nécessité de suivre cet apôtre et de s’en tenir à ce qu’il dit.
Si l’on dit: “Quel privilège pour ‘Îsâ aleihissalâm en cela, puisque ce que nous lui reconnaissons ici, lui est commun avec les autres Prophètes, bien plus, avec tous les êtres? Nous répondons: Jésus n’a pas mentionné cela à titre de privilège; il a voulu seulement s’opposer victorieusement à l’incrédulité des Juifs au sujet de la joie et de l’allégresse éprouvées par Hadrat Ibrâhîm à la vue du son jour, et pour défendre la véracité de ce qu’il rapportait; car les Prophètes quand ils en viennent à tenir pareil langage, ils le font en réponse à un démenti donné à leurs paroles, et à leur prétention d’être en toute vérité des Envoyés d’Allah. Leurs déclarations constituent ainsi une réplique au négateur et lui signifient que leur mission est réellement vraie, elle est décrétée par Dieu de toute éternité. L’exactitude de cette interprétation est démontrée par le fait que Î’sa n’a dit cela que lorsque les Juifs s’indignèrent contre la hardiesse de ses paroles et dirent: “Tu n’as pas encore atteint cinquante ans”. Il donna la raison qui justifiait la joie d’Ibrahim alehissalâm. C’est de cette manière que les Prophètes d’une part, amènent leurs contradicteurs à les croire quand ils prétendent posséder la Prophétie et la qualité d’envoyés, et que d’autre part ils fortifient la foi de ceux qui leur font crédit, sans avoir cependant atteint le degré de la connaissance claire. On trouve quelque chose de semblable dans les paroles du Maître des Envoyés, quand il dit: “J’étais déjà Prophète, lorsque Adam[Salut de l’Eternel soit sur lui] était encore eau et boue”. Il se peut également, d’ailleurs, que Î’sa aleihissalâm ait mentionné là un privilège et ce serait alors la connaissance donnée à Ibrahim aleihissalâm de sa mission totale et de tout ce qui s’y rapporte: conduite des hommes vers la vérité et manifestation des prodiges produits par ses mains et qui lui sont propres, à l’exclusion de tout autre parmi les Prophètes précédents. Voilà comment il faudrait entendre le désir louable ressenti par Ibrahim aleihissalâm. Comment donc peut-on établir la divinité d’un homme avec des preuves de ce genre! 3 - La Réponse à Philipe: Qui me voit, voit le Père. Troisième argument. - Il est donné dans le récit du fils de Zébédée, au chapitres 1er des chapitres du Paraclet:
Je dis donc: Ce passages est semblable à celui dont les Juifs avaient contesté la portée. Hadrat ‘Îsâ s’en était alors expliqué en leur servant un exemple. Ici, il apporte encore plus de clarté au sujet en s’y comportant comme à son ordinaire, à savoir de ne recourir à aucune expression ambiguë sans la faire suivre de ce qui en decouvre le sens caché. La preuve en est que lorsque ses disciples lui demandèrent de leur montrer Allah, comme il ne pouvait rien faire pour eux sur ce point, il tourna l’objet de leur requète en disant: Celui qui m’a vu a vu le Père”, signifiant par là que ‘Allah, du moment qu’il ne peut être vu par les fidèles a constitué les Prophètes pour être Ses représentants dans la transmission de ses vouloirs, comme il en est pour les rois, qui se dérobent à la vue de leurs sujets. C’est ainsi que les Prophètes ordonnent ce qu ‘Allah ordonne, défendent ce qu’il défend, et jugent suivant Ses jugements. Il a ensuite clairement insignifié qu’il n’entendait pas ce qu’il venait de dire au sens littéral en déclarant: “Et ces paroles que je vous dis ne sont pas de moi”. Et ne craignant pas d’être trop clair, il ajouta encore: “Mais mon Père qui est en moi accomplit ces oeuvres”, voulant dire par là qu’on doit rapporter à Allahu ta’âlâ non pas Ses paroles seulement, mais encore ses oeuvres. Il veut dire ainsi: Toute parole émanant de moi et impliquant un jugement, vient d’Allah, car c’est de Lui qui je suis venu parler, et toutes les oeuvres que vous voyez, qui jettent votre esprit dans l’admiration et rappellent les prodiges des Prophètes, tout cela est accompli par Lui, parce que produit par un effet de sa puissance.
Puis voulant être plus clair encore, il ajouta: “Car je vais à mon Père”. S’il avait été lui-même le Père, il n’aurait pas dit: “Car je vais à mon Père”. On ne peut en effet concevoir quelqu’un qui puisse dire: “Je vais à Zeid” alors qu’il est lui-même Zeid en personne! Les paroles: “Ne croyez-vous pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi?” - Il veut signifier par là, l’absence de toute divergence dans les jugements et les volontés, suivant ce que nous avons déjà exposé au sujet de l’usage qu’il fait du terme “Holul” (Demeure en personnalité de Dieu, compénétration.) La preuve en est qu’il y ajoute: “Et ces paroles que j’exprime ne sont pas de moi. Que celui qui réfléchit considère donc ce passage. Nombreuses y sont les déclarations et les indications fournies par le contexte qui montrent bien que Î’sa distingue entre Allah et lui. Comment alors peut-il être déclaré Allah lui-même! Bien plus, à supposer même que tout ce passage soit ambigu, il ne serait pas permis pour autant d’aller contre la raison et d’ajouter foi à ces dires. A plus forte raison alors, s’il faut entendre ce passage, comme nous l’avons fait! Allahu ta’âlâ soit loué qui nous a guidés en cette recherche! Nous n’aurions su y atteindre si Allah, le Très-Haut, ne nous y avait conduit.
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